Compte rendu du débat organisé par L’Hirondelle
Citoyenne du 6 mars 2019 dans la petite salle des fêtes
Une quinzaine de personnes
étaient présentes à ce deuxième débat.
Nous
décidons de nous concentrer sur deux thèmes : la démocratie participative
et l’écologie et nous nous demandons ce qu’il est possible de faire
concrètement dans un petit village comme le nôtre dans ces deux domaines.
Comment, dans une société individualiste comme la nôtre, favoriser les relations entre les individus ? Un
des points forts des GJ, c’est qu’un tas de gens ont (re ?)découvert un
espace d’échanges, sur les ronds-points par exemple. Que penser aussi du
RIC ? Certains parmi nous pensent que ce référendum pourrait être un bon outil s’il est révocatoire. Nos
députés feraient alors plus attention à ce qu’ils votent. Au niveau du village,
on devrait pouvoir en tous les cas faire remonter des questions qui pourraient
être débattues en conseil municipal, mettre en place un conseil citoyen (cf.
précédent CR sur ce que les Mérindolais auraient pu exprimer à propos des travaux
de la salle des fêtes). Mais qui en ferait partie ? Quelle légitimité y
auraient les gens qui y participeraient, seraient-ils plus représentatifs que
nos élus. À propos de la représentativité,
quelqu’un rappelle que Macron a été élu avec 24/25% et qu’on ne peut donc pas
vraiment dire qu’il soit très représentatif. Pour en revenir au référendum, on
pourrait en instituer quelques-uns sur le village, ce qui pourrait inciter les
gens à donner leur avis sur tel ou tel projet ou du moins mieux répondre à leurs
desiderata.
On sait
que quand un responsable politique prend une décision qui engage l’avenir des
concitoyens elle est souvent contestée. Exemple à Marseille où le maire
a fait appel à un PPP (partenariat public-privé) pour rénover les écoles
qu’il avait par ailleurs délaissées pendant des années alors que l’on sait
que cela engage lourdement les finances des collectivités, donc le service
public. Cette décision de Gaudin a été prise pour ainsi dire au fil de l’eau,
personne n’en avait parlé dans la campagne électorale. On s’aperçoit
aujourd’hui avec l’exemple de Marseille que ce n’est plus possible. Les
Marseillais se sont en effet déclarés en majorité contre un tel projet. De
même, à Mérindol, quand la précédente municipalité a voulu aménager la zone des
Marres, il y a eu une contestation, ce qu’on peut comprendre a posteriori,
parce que cela n’avait pas été débattu, que ce n’était pas dans le programme.
Au niveau national ou municipal, quand des projets de grande envergure ne sont
pas annoncés, les gens résistent.
Que
penser aussi du tirage au sort (ce
qui est le cas pour les jurés d’assises) ? Peut-il permettre de mieux
représenter les gens d’en bas ? Plusieurs voix s’élèvent parmi nous pour
dire que les tirés au sort ne se sentiront pas forcément concernés, que les
débats n’intéresseront pas tout le monde, que les gens attendent avant tout du
concret. Mais justement, il faut que ceux et celles qui sont à la barre fassent
de la pédagogie, il faut que l’équipe municipale ait la volonté d’impliquer les
gens qu’elle administre. Ce mouvement des « gilets jaunes » qui dure
depuis plusieurs mois montre bien que les Français ne se désintéressent pas de
la politique nationale et locale. Il n’empêche que la participation des
citoyens n’interdit surtout pas de faire appel à des experts. Le maire lui-même
a le nez dans le guidon, plus le projet est important et moins il a de marges
de manœuvre, donc il doit se fier à des gens compétents dans tel ou tel
domaine, à des experts donc, mais il ne doit pas pour autant oublier qu’il doit
agir pour le bien de ses administré.e.s et que ceux-ci/celles-ci ont leur mot à
dire. Les commissions municipales et extra-municipales peuvent aussi servir à
cela, ce sont des outils qui existent déjà. En fait, tout doit pouvoir être
amendable. Ainsi, lorsque l’État envisage la privatisation des barrages
hydroélectriques pour satisfaire les exigences de Bruxelles, le citoyen
aura-t-il son mot à dire ? Autre exemple,
lorsqu’à L’Isle-sur-la-Sorgue, on a découvert que la municipalité avait
vendu tous les compteurs d’eau suite à la délégation de service public,
l’entreprise privée en a profité pour les faire payer aux usagers. Tout cela
avait-il été prévu dans la campagne électorale : certainement pas !
Les consultations populaires ne sont certes
pas la panacée, l’histoire récente en apporte plusieurs exemples. On se
souvient de ce qui s’est passé en 2005 sur le projet de traité constitutionnel
européen. Une majorité a voté non, et ce non est devenu un oui quelque temps
plus tard. Ou ce qui se passe avec le Brexit où des gens se sont laissés berner
par des « fake news ». Autre exemple illustre, beaucoup moins récent
: lors du référendum de 1969, les gens n’ont pas voté contre le projet de
régionalisation, mais contre de Gaulle. On s’aperçoit aussi à l’exemple de la
Suisse que les gens répondent rarement oui. Cet outil est souvent détourné,
voire dévoyé, en tout cas, mal utilisé, mal compris ; on répond rarement à
la question posée si tant est d’ailleurs qu’on comprenne bien la question
posée, ses tenants et ses aboutissants.
Il
n’empêche que les projets doivent être co-construits. Ce que l’ancienne équipe
municipale a fait pour le PLU, il y a eu plusieurs réunions de travail. Pour
sortir de la complexité – parce que gérer une municipalité, même aussi petite
que Mérindol, est compliqué -, il faut donc être le plus collectif possible.
Pour prendre à nouveau un
exemple concret, un centre de loisirs peut être cogéré par des professionnels,
par des ados, par des parents et par la municipalité. Même chose à propos de la
culture ou du sport. On a vu il y a quelques années que le salon des énergies
renouvelables intéressait beaucoup de monde, encore la preuve que nos
concitoyens ne sont pas aussi amorphes qu’on veut bien le dire.
Nous finissons cette deuxième
réunion en abordant justement la question écologique. Nous regrettons qu’il n’y
ait pas assez d’informations sur le tri
sélectif, d’autant plus que les consignes ne sont pas les mêmes partout.
Les informations que nous avons eues à ce sujet par flyers ou apportées par
deux personnes employées par la Communauté de communes de l’époque, remontent à
longtemps et de toute façon ces deux postes n’existent plus. Comment faire de l’électricité verte ? Trop de
toits ne sont pas assez utilisés pour des panneaux solaires, mais les panneaux
solaires sont chers. Comment aider alors financièrement les gens intéressés,
comment monter des projets ambitieux pour financer tout cela, où chacun
apporterait sa quote-part et pourrait être actionnaire. Cela existe déjà.
Sur
l’auto-organisation et/ou la co-organisation (citoyens, associations et
collectivités publiques), on dispose des SCIC (sociétés coopératives d’intérêt
collectif) qui permettent de construire des projets d’utilité publique avec les
habitants. Pour produire de l’électricité verte (solaire, hydroélectrique ou
biomasse), ce serait une solution fort intéressante et démocratique.
En ce qui concerne la Taxe d’habitation, il vaudrait mieux
réfléchir à la progressivité de cet impôt pour le rendre plus juste, ce serait
sûrement préférable à sa suppression annoncée qui va laisser les collectivités
locales livrées au bon vouloir de l’État en matière de ressources.
Enfin, quelqu’un parmi nous pense qu’on devrait aussi soutenir
ceux et celles parmi nous qui seraient prêt.e.s à accueillir des migrants ou à
les aider à s’intégrer. Une réunion a d’ailleurs déjà été organisée à ce sujet
par le collectif Agir à Mérindol.
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